Voilà plusieurs années déjà que le thème de la transformation de l’offre médico-sociale à destination des Personnes en situation de Handicap irrigue les Politiques Publiques nationales et territoriales.
Le rythme et l’intensité du sujet se sont accélérés depuis 2017 avec la circulaire du 2 mai, puis la définition du Plan d’Action ministériel « Ambition Transformation 2019-2022 » et l’installation du « Comité National de Pilotage de la Transformation de l’Offre d’Accompagnement » concrétisant une véritable politique publique dédiée intégrant objectifs et indicateurs de mesure. Ce « coup d’accélérateur » de l’action publique a pour objectif de traduire dans les faits le projet de société inclusive auquel la grande majorité des acteurs du secteur du Handicap souscrivent. En revanche, le niveau des objectifs et la rapidité du calendrier de mise en œuvre prescrits aux gestionnaires tels que l’AgaPei pour transformer leur offre a pu générer un sentiment d’inquiétude, voire d’incompréhension quant à la faisabilité de ce qui leur était demandé.
Concrètement, quatre objectifs stratégiques ont été identifiés afin de mettre en œuvre ce mouvement de transformation :
-Prévenir les ruptures de parcours, l’absence ou l’inadéquation des solutions aux besoins et aspirations des Personnes en situation de Handicap.
En lien avec la démarche « Réponse Accompagnée Pour Tous », il s’agit de proposer des réponses alternatives aux Personnes sans solution, mais également de fluidifier les parcours et apporter une réponse aux besoins insuffisamment couverts.
-Développer les réponses inclusives et faire évoluer les prestations de services pour mieux répondre aux besoins.
La diversification de l’offre et le développement des accompagnements « hors les murs » doit permettre d’étayer les accompagnements en milieu ordinaire et de proposer une palette de réponses alternatives à l’établissement.
-Consolider une organisation territoriale intégrée au service de la fluidité des parcours de vie et de santé.
La prise en compte de la pluralité des besoins et la mise en place d’un accompagnement adapté et cohérent, passent nécessairement par une collaboration plus importante entre les acteurs d’un territoire, avec une « fonction ressource » des ESMS.
-Améliorer la qualité des accompagnements en favorisant l’adaptation des pratiques.
Il s’agit d’assurer la montée en compétences des professionnels par des formations et l’émergence de nouveaux métiers mais également en mobilisant davantage les personnes concernées.
Ces quatre objectifs appellent à une recomposition rapide de l’offre que trois « marqueurs » prioritaires symbolisent tout particulièrement. Il s’agit :
-D’augmenter significativement la part des services dans l’offre médico-sociale pour atteindre
50 % en 2022, contre 33 % en 2017.
-Réduire le taux d’occupation des places en ESMS PH enfants au titre de l’amendement CRETON de 20 % par an entre 2017 et 2022 (soit un objectif de « disparition » à compter de 2023).
-Augmenter le taux de scolarisation des enfants accompagnés en établissements, pour atteindre 80 % en 2022.
Bien évidemment, la crise sanitaire a largement perturbé la mise en œuvre effective de ces objectifs, mais seulement dans son timing. Ils restent plus que jamais vivants au regard des ambitions affichées par Mme CLUZEL, Secrétaire d’Etat aux Personnes Handicapées.
Dans ce contexte, les enjeux qui sont les nôtres et auxquels l’AgaPei doit s’atteler sont les suivants :
-Renforcer l’individualisation de l’évaluation des besoins : les nouvelles pratiques d’individualisation des accompagnements impliquent, pour nos établissements et services, une revue des pratiques et outils d’évaluation individualisée des besoins. Cette revue doit permettre de définir et ajuster un socle de prestations adaptées au plus près des besoins identifiés dans le but de permettre de développer au maximum les capacités des publics accompagnés. Elle passe, à l’AgaPei, par une appropriation pleine et entière des travaux menés par le groupe de Travail National SERAFIN PH au niveau des Projets d’Accompagnement Personnalisé et des Projets d’Etablissements/Services.
-Recueillir systématiquement la satisfaction des bénéficiaires : dans ce contexte de transformation de l’offre, il est essentiel pour nos établissements et services de se doter d’outils permettant de mesurer la satisfaction des personnes accompagnées. Dans la continuité des bonnes pratiques professionnelles, plusieurs outils permettent déjà de recueillir l’avis des Usagers sur les prestations proposées (évènements indésirables, Conseils de la Vie Sociale, présence au Conseil d’Administration, …).
Toutefois, il devient indispensable de penser et mettre en œuvre de nouvelles modalités, plus adaptées, d’expression et de recueil de la satisfaction des personnes que nous accompagnons.
-Accompagner à « l’empowerment » : aussi appelé « pouvoir d’agir » ou « autodétermination », il se caractérise par la capacité d’une personne à faire ses propres choix et à agir sur sa vie pour elle-même et par elle-même sur l’ensemble des dimensions de l’existence sociale. Pour nos établissements et services, cela signifie en premier lieu de permettre l’expression du besoin des Usagers à tous les moments de la vie et par tous les professionnels.
-Apprendre à mesurer à la fois le niveau d’autonomie de nos Usagers et, en corollaire, l’activité de nos établissements et services tant quantitativement (nombre de prestations) que qualitativement (intensité des prestations).